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Approvisionnement en titane : de l’intérêt de s’adresser à un stockiste

Publié le 02 novembre 2021 par Patrick RENARD
Acnis International supplies titanium round bars to FineHeart.
Crédit photo : Acnis International

Hémocompatible, le titane est un matériau de choix pour les implants cardiaques, comme l’Icoms Flowmaker de FineHeart. La start-up a choisi de se fournir chez Acnis International, qui peut livrer, en moins d’une semaine, des demi-produits en titane, mais aussi en Co-Cr, inox et PEEK notamment.

Installé à Lyon, le stockiste Acnis International fait partie des leaders mondiaux dans la distribution d’alliages métalliques sous toutes les formes : tôles, barres, tubes et poudre pour l’impression 3D. Certifiée ISO 13485, entre autres, l’entreprise familiale s’est spécialisée dans le domaine médical dès sa création en 1991, pour répondre à la demande des fabricants d’implants orthopédiques et dentaires, et d’instruments chirurgicaux. Car « si ces fabricants ont la possibilité de s’adresser directement aux producteurs de titane et autres alliages techniques, ils se retrouvent souvent confrontés à des minima de quantités assez élevés et à des délais de livraison qui peuvent atteindre plusieurs mois », explique Franck Picard, directeur commercial d’Acnis. « Le problème est particulièrement épineux pour les petites entreprises qui n’ont pas besoin de gros volumes ».

Acnis International a soufflé ses 30 bougies cette année. Présente dans 60 pays, avec des filiales notamment au Brésil et en Chine, l’entreprise française réalise 60 % de son chiffre d’affaires à l’export. En complément de la distribution, elle propose des prestations de découpe, ainsi qu’un service de co-développement et a programmé pour cela l'embauche d’un ingénieur métallurgiste supplémentaire.

Acnis assure en effet un rôle de tampon entre les producteurs et les utilisateurs, avec 600 à 700 tonnes de stock en rotation continue et 1300 références d’origines différentes. L’entreprise est ainsi en mesure de livrer très rapidement ses clients, en moins d’une semaine, quelles que soient les quantités commandées. Des fabricants d’implants d’envergure parmi les principaux OEM américains et européens font eux-mêmes appel à Acnis pour s’approvisionner en alliages métalliques.

Un besoin de titane en quantités limitées... pour l'instant

L'offre d'Acnis International intéresse bien sûr aussi les start-up. C'est le cas par exemple du fabricant d'implants FineHeart. Basée à Cestas (33), l'entreprise travaille sur une pompe cardiaque innovante : l’Icoms Flowmaker. Nous avons déjà eu l’occasion d’en parler dans DeviceMed (page 36 du numéro de juillet/août 2019 et page 26 du numéro de mars/avril 2021). Le Français est toujours en phase de développement, avec une production limitée pour l’instant à une dizaine de dispositifs par mois pour les besoins des expérimentations animales.

Les pièces de la pompe, cylindriques pour la plupart, sont principalement en titane. « Pour nous approvisionner, nous avons fait appel, au début, à un autre stockiste, avec lequel nous avons connu quelques déboires », explique Julien Cardon, responsable de production chez FineHeart. « Après avoir testé Acnis, nous avons pu apprécier sa réactivité, une qualité essentielle pour nous ». Aujourd’hui, la société fournit à FineHeart des barres en titane TA6V.

Icoms Flowmaker : une alternative prometteuse au LVAD

L'Icoms Flowmaker de FineHeart est une pompe cardiaque originale, intraventriculaire. D'une longueur d'à peine 10 cm, le dispositif fournit un soutien physiologique synchronisé avec les contractions naturelles du coeur. Il n'a aucun fil d’alimentation extérieur car il est rechargé par un système de transfert d'énergie transcutané (TET).

Source FineHeart

FineHeart a démontré que le protocole d'implantation (mini-invasive à coeur battant) et de retrait de sa pompe résout les complications sévères liées à l'implantation d'un dispositif d'assistance au ventricule gauche (LVAD) classique, qui détériorent l'état cardiovasculaire fragile des patients traités.

Pour pouvoir passer au stade de la pré-industrialisation de son dispositif, l’entreprise vient de lever 15 M€. Un financement dans lequel est impliqué le groupe aéronautique basque Lauak, qui a la volonté de se diversifier en participant à l’industrialisation de l’Icoms Flowmaker.

L’implantation chez l’Homme est prévue en 2022.

Concernant l’usinage de ce titane, FineHeart dispose d’un centre UGV 5 axes et d’un tour, tous deux de marque DMG Mori, qui suffisent à ses besoins, du moins pour l'instant.

Des pièces en PEEK également

Certaines parties de l’Icoms Flowmaker sont en PEEK pour éviter le phénomène d’endothélisation (régénération tissulaire) susceptible d’entraver le flux sanguin au niveau des orifices d’admission et de propulsion de la pompe.

Il se trouve qu’Acnis propose aussi du PEEK, avec la gamme Vestakeep d’Evonik, pour laquelle le stockiste est d'ailleurs devenu distributeur exclusif en ce qui concerne la France, l’Espagne et le Portugal (voir page 50 du numéro de janvier/février 2021). Des échantillons ont été fournis à FineHeart qui est en train de les évaluer.

Un marché du titane malmené par la crise sanitaire

Le titane reste le matériau phare d’Acnis International, qui sert le marché des dispositifs médicaux mais aussi ceux de l’aéronautique et de l’industrie (pétrolière, agro-alimentaire, nucléaire...).

Franck Picard nous rappelle qu’au niveau mondial, la production de titane s’élève à 150 000 tonnes par an, dont près de 5 000 pour le médical, loin derrière l’aéronautique qui reste le plus gros consommateur malgré la crise sanitaire. Celle-ci a touché le distributeur mais dans une mesure relativement faible puisque la part de l’aéronautique était limitée à 20 % de son activité avant la crise (tombée aujourd’hui à 13 %), tandis que la part du médical est supérieure à 60 %. Or, comme le souligne Franck Picard, « la baisse d’activité dans le médical (de 10 % environ) correspond en fait à un décalage car elle est due essentiellement à des reports d’opérations chirurgicales ».

Interrogé sur l’avenir du cobalt-chrome dans les implants médicaux, Franck Picard indique que son entreprise n’a ressenti aucune baisse de la demande. Rappelons que le cobalt étant désormais classifié en substance CMR (Cancérogène, Mutagène ou toxique pour la Reproduction), l’utilisation de l'alliage cobalt-chrome risque d’être interdit selon le nouveau règlement sur les dispositifs médicaux (2017/745), sauf s’il n’existe pas d’alternative à son emploi. « On se pose beaucoup de questions sur qui prend les décisions à ce propos dans la communauté européenne, aux USA et ailleurs », souligne Franck Picard, « et comment nous pourrions faire valoir notre expertise sur le sujet ». A bon entendeur…

En tout cas, « il n’y a pas vraiment de solution de remplacement "efficace" pour l’instant, sauf peut-être le titane justement », conclut-il.


acnis-titanium.com

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