En redressement judiciaire depuis juillet dernier, Carmat semblait condamné à disparaître, et son cœur Aeson aussi. Fort heureusement, la seconde offre de reprise menée par son président et actionnaire Pierre Bastid vient d'être validée par le tribunal des affaires économiques de Versailles.

L'annonce du redressement judiciaire de Carmat a fait beaucoup de bruit cet été, bien au-delà du monde du DM. La société incarne en effet l’un des projets les plus ambitieux de la medtech française, avec son cœur artificiel total, qui offre une solution pérenne aux patients en insuffisance cardiaque avancée.

Le seul espoir est venu de l'offre de reprise déposée le 20 août dernier par Pierre Bastid, président du conseil d’administration de Carmat, et actionnaire à hauteur de 17 %. Après un premier rejet et trois mois de suspens, le Tribunal des activités économiques de Versailles a finalement retenu une seconde offre en plan de cession de "Carmat SA" en faveur de "Carmat SAS", une  société par actions simplifiée créée pour les besoins de la reprise. Celle-ci est détenue à hauteur de 60 % par la société Lohas Sarl, contrôlée par Pierre Astrid.

Un financement de 110 M€ pour relancer la machine

L’offre s’appuie sur la mise en place d’une nouvelle stratégie concentrée notamment sur la poursuite de l’accès au marché nord-américain, l’initiation d’un essai clinique visant à obtenir, d'ici 2 à 3 ans, l’indication de thérapies de destination, et à court terme, un déploiement commercial plus concentré. Elle s’accompagne de la reprise de 88 des 127 salariés actuels, des actifs et de la très grande majorité des contrats de Carmat, ainsi que d’une réduction significative de la consommation de trésorerie. Elle prévoit un financement total de 110 M€, dont 10 M€ disponibles immédiatement et 20 M€ dès le début de l’année 2026. Ces deux premiers apports sont assurés conjointement par Lohas et par la holding de la famille Ligresti (Santé Holding), autre actionnaire historique de Carmat.

Si la reprise permet la poursuite des activités de Carmat au sein de Carmat SAS, elle va entraîner la liquidation judiciaire de Carmat SA. Compte tenu du niveau de passif de cette dernière et des termes de l’offre de reprise, il est hautement probable que les actionnaires de Carmat subiront la perte intégrale de leur investissement, tandis qu’une grande partie de ses créanciers essuieront une perte très significative pouvant porter sur l’intégralité de leurs créances.

Il est rappelé dans le communiqué que la liquidation judiciaire de Carmat entrainera la radiation de ses actions actuellement cotées sur Euronext Growth (Paris).