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Poser une prothèse de genou à l’aide de lunettes de réalité augmentée

Publié le 30 août 2023 par Romain Fournier
Les images de la caméra sont analysées par l'ordinateur situé dans les lunettes, des calculs sont effectués automatiquement et le chirurgien voit s'afficher sur un écran virtuel les informations de navigation.
Crédit photo : Pixee Medical

Un sens aigu de l'observation, une imagination débordante, du talent et un zeste d'audace : telles sont les clés du succès de Sébastien Henry et de sa société : Pixee Medical, qui s'appuie sur une équipe à la pointe de la technique.

Par Evelyne Gisselbrecht

Après avoir créé à Besançon en 2011, puis revendu à EOS imaging, la société OneFit Medical, spécialisée dans le développement de solutions personnalisées en orthopédie pour la pose de prothèses, Sébastien Henry décide en 2018 de fonder une nouvelle entreprise : Pixee Medical. Il souhaite ainsi capitaliser sur son expertise en navigation chirurgicale assistée, mais en utilisant cette fois des composants de grande consommation pour limiter le coût de ce nouveau dispositif médical.

Basée sur la réalité augmentée, la solution imaginée, baptisée Knee+, se compose en premier lieu de lunettes connectées, équipées d'une caméra standard telle que celles intégrées à nos téléphones portables. Grâce à des algorithmes propriétaires, cette dernière est capable de repérer des objets dans un espace 3D avec une précision millimétrique. Un logiciel de navigation installé dans les lunettes est associé à une instrumentation MIS réduite. Les lunettes connectées calculent précisément les coordonnées 3D des instruments grâce à l'analyse de leurs marqueurs spécifiques (QR-Codes) filmés par la caméra. Ces marqueurs réutilisables sont réalisés en céramique et stérilisables par autoclave.

Conçue pour les interventions d'arthroplastie totale du genou, Knee+ présente l'avantage de s'adapter à tous les modèles de prothèses. « Nous avons obtenu le certificat de marquage CE de Knee+ suivant la directive en juin 2020 et suivant le MDR en juillet 2023. Nous avons commencé la commercialisation en 2021, avec plus de 100 systèmes vendus dès la première année », précise Sébastien Henry.

Une multitude de difficultés techniques et réglementaires

Les difficultés de réalisation de Knee+ ne manquaient pas, tant sur le plan technique que réglementaire. En effet, fabriquer un dispositif médical à partir de composants sur étagère constitue une véritable gageure, à commencer par la certification des lunettes et la cybersécurité des données.

Au-delà de ces questions épineuses, Pixee Medical a également dû résoudre les problèmes suivants :

  • atteindre une précision d'image située en dessous du degré avec une caméra standard,
  • développer des algorithmes complexes permettant de traiter des images prises dans des conditions parfois défavorables (mouvements de la tête du chirurgien, scialytique au bloc opératoire...)
  • analyser ces images en temps réel pour que l'affichage numérique sur l'écran virtuel des lunettes soit le plus rapide possible,
  • réaliser des marqueurs suffisamment solides et résistants à la stérilisation autoclave et les associer à des éléments métalliques...

L'écosystème : un facteur essentiel de réussite

En matière d'implantation de son entreprise, Sébastien Henry est convaincu de l'importance du dynamisme régional. « L'écosystème joue un rôle majeur », précise-t-il. « Pixee a commencé à exercer son activité à Annecy en 2018, mais j'étais confronté à des difficultés majeures de recrutement. Dès notre retour à Besançon, nous avons pu embaucher 10 ingénieurs de l'ISIFC, de l'ENSMM et de l'UFC pour permettre à l'entreprise de prendre son envol. Nous avons également bénéficié du soutien des acteurs locaux comme par exemple le Grand Besançon, la Région, le PMT, Bpifrance... »

De nouveaux marchés et de nouveaux produits !

Pixee vient d'être désignée lauréate de la première promotion du French Tech Health20 qui récompense les 20 start-up les plus prometteuses de la healthtech en France, ce qui lui a valu une aide de 500.000 euros. En 2019, l'entreprise avait déjà remporté le concours I-NOV, ce qui lui avait permis d'obtenir une subvention de près d'1,3 M€.

Aujourd'hui ce sont plus de 4500 chirurgies qui ont été réalisées avec la solution Knee+, en Europe, en Australie mais aussi aux Etats-Unis, où les premières ventes ont démarré en 2022. « Notre solution, dont le prix avoisine 15.000 euros, coûte 100 fois moins cher qu'un robot », souligne Sébastien Henry. L'entreprise vient également de remporter de très gros marchés en Inde, où le potentiel est colossal. Pixee attend par ailleurs le marquage CE et l'homologation FDA pour un dispositif innovant d'aide à la pose de prothèses d'épaule qui utilisera cette fois une technologie plus immersive de réalité mixte. Une nouvelle levée de fonds est en cours pour accompagner la croissance de cette entreprise, qui emploie aujourd'hui 42 salariés.


www.pixee-medical.com

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