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Un programme d’optimisation des performances issu de l’aéronautique

Publié le 13 décembre 2022 par Romain Fournier
Réunion AIC en salle propre pour évoquer les anomalies de production de la veille.
Crédit photo : Statice

Forte de son expertise en biomatériaux et en mécatronique, Statice réalise des systèmes microtechniques innovants, qu'il s'agisse de DM invasifs, de DM actifs ou de DMDIV. Pour optimiser ses performances opérationnelles, l'entreprise a mis en place avec succès une organisation inspirée de l'aéronautique.

Par Evelyne Gisselbrecht, DeviceMed

Si la filière des technologies médicales est soumise à des normes et à une réglementation très strictes en matière de conformité des produits, les entreprises demeurent entièrement autonomes pour ce qui concerne leur organisation industrielle. Cela n'est pas le cas dans l'aéronautique où le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales) recommande fortement à ses adhérents de suivre les bonnes pratiques du programme SPACE. Ce dernier se décline en deux volets, dédiés respectivement :

  • à la performance industrielle (comment atteindre l'excellence opérationnelle ?),
  • et à l'industrie du futur (comment se préparer aux nouvelles technologies ?).

Membre du GIFAS en sa qualité de sous-traitant de l'aéronautique, le Bisontin Statice a décidé fin 2019 de mettre en œuvre ce programme au sein de sa structure et d'en faire profiter par la même occasion ses clients du secteur médical, qui représente 80 % de son activité. Il a d'abord concentré tous ses efforts sur le premier volet.

« Nous avons bénéficié ici de l'accompagnement d'un consultant externe spécialisé qui nous avait été recommandé par le GIFAS, » précise Benoît Studlé, Président de Statice.

Le module "performance industrielle" de SPACE s'articule autour de 4 grands axes :

  • la qualité,
  • le planning MRP2 (Manufacturing Resources Planning) qui a pour objet d'anticiper convenablement les besoins en ressources humaines et en matériel,
  • les flux physiques et informatifs,
  • les approvisionnements.

« Sur le plan de la qualité, la filière medtech n'a pas réellement besoin de s'inspirer de l'industrie aéronautique, elle est même plutôt en avance, » indique Benoît Studlé. Statice a donc essentiellement fait porter ses efforts sur les trois autres points.

Une organisation entièrement repensée

Il s'agissait ici pour l'entreprise d'optimiser son organisation dans le but de mieux se conformer à ses délais de livraison. Pour cela, Statice a par exemple élargi le processus Production en y intégrant la Logistique. Le responsable de production endosse désormais le rôle de "responsable supply chain", ce qui ajoute à ses attributions la surveillance des approvisionnements, la logistique de réception et surtout le respect des délais de livraison auprès des clients. « La charge de notre responsable supply chain est lourde », reconnaît Benoît Studlé. « C'est pourquoi il est assisté d'un ingénieur Lean, qui travaille à l'amélioration de nos procédés, apporte des ajustements à notre logiciel ERP et forme nos collaborateurs à ces changements. »

Dans les ateliers, Statice est parvenu à mettre en place trois nouvelles procédures :

  • Tableau journalier des indicateurs de production discutés en AIC (source Statice)

    le 5S, dans le but de responsabiliser le management de terrain et les opérateurs sur le rangement et de les inciter à faire des propositions d'amélioration, des plages de temps spécifiques étant prévues pour cela ;

  • une AIC (Animation à Intervalle Court) quotidienne dans les salles propres. Ces entretiens matinaux de 5 minutes animés par le chef d'atelier consistent à faire réagir les opérateurs sur les raisons d'un problème éventuel de retard de production. S'ensuit une AIC d'une quinzaine de minutes hors salle propre, où le chef d'atelier devra lui-même expliquer ces écarts auprès de sa hiérarchie ;
  • et depuis cette année des réunions QRQC (Quick Response Quality Control), qui peuvent être organisées spontanément en salle propre par la qualité, la production ou les méthodes, en cas d'identification de défauts anormalement élevés. Ces réunions durent une dizaine de minutes et présentent l'intérêt de susciter une description du problème à chaud, avant d'en référer au management.

Côté prévisions de production, Statice a formalisé un PIC (Plan Industriel et Commercial) sur 18 mois. Pour cela, la société interroge ses clients du secteur médical tous les trois mois afin de connaître leurs prévisions de vente sur les 3 semestres à venir. Même s'il n'est pas toujours possible aux fabricants de DM de répondre avec précision sur une échéance aussi longue, cela permet à Statice d'obtenir une tendance globale et d'anticiper les capacités et les ressources qu'il lui faudra prévoir. « Grâce à SPACE, nous savons d'ores et déjà que nous devrions enregistrer une croissance de plus de 20 % ces deux prochaines années », indique Benoît Studlé. « Auparavant, nous l'apprenions beaucoup trop tard pour nous y préparer convenablement. Cela nous a d'ailleurs confortés dans notre projet d'agrandissement, avec un nouveau bâtiment de 900 m² prévu pour fin 2023. »

Grâce au PIC, Statice est également en mesure de déterminer des délais de livraison en meilleure adéquation avec ses capacités réelles.

En matière d'approvisionnement, l'entreprise répercute tous les 3 mois auprès de ses principaux fournisseurs ses futurs besoins, sur la base des informations obtenues de la part de ses clients. Cela permet à ces fournisseurs d'anticiper à leur tour.

Le résultat de ces multiples efforts est au rendez-vous. En effet, si le GIFAS avait établi la performance industrielle de Statice à 54 % en 2019 dans le cadre d'un premier diagnostic, l'entreprise a atteint 75 % fin 2021, ce qui place Statice dans les 25 % d'entreprises les plus performantes. Benoît Studlé estime que ces 2 ans étaient indispensables en raison du délai nécessaire à la formation du personnel à cette nouvelle organisation. « SPACE ne peut fonctionner que si nos équipes comprennent son intérêt, saisissent les différents mécanismes de remontée d'informations et participent activement à la résolution des problèmes », précise-t-il.

2ème étape : le volet "industrie du futur"

L'heure est venue maintenant pour Statice de suivre la seconde partie du programme SPACE. Ce nouveau volet est déjà engagé avec un projet de mise en place d'un logiciel MES, dont le cahier des charges est en cours d'élaboration.

L'entreprise vise le zéro papier en salle propre. « Le volume d'informations que nous devons transmettre à nos clients dans les dossiers de lots a explosé et l'enregistrement manuel est fastidieux, source d'erreurs et chronophage, » déplore Benoît Studlé. « Nous avons impérativement besoin aujourd'hui de numériser les remontées d'information de nos ateliers dans l'ERP. Pour autant, notre activité comprend beaucoup d'opérations d'assemblage manuel, où l'intervention humaine est essentielle, et l'implication active du personnel dans ce processus d'amélioration opérationnelle continue demeure capital pour nous. »


www.statice.com

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