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France Biotech prend le pouls de la HealthTech française

Publié le 07 janvier 2019 par Patrick RENARD
Crédit photo : France Biotech

Lors d'une conférence organisée en décembre dernier, l'association France Biotech a présenté les résultats de son étude "Panorama France HealthTech". Une occasion d'appréhender où en est le secteur des technologies médicales françaises, caractérisé à la fois par son dynamisme et des entreprises qui peinent à croître.

Dix ans après sa première enquête, France Biotech a remis à jour son "Panorama France HealthTech", une étude de référence sur un secteur considéré comme crucial pour l’économie et la société française. Rappelons que cette association française, qui compte 200 membres (entreprises innovantes de la santé et partenaires experts), a pour mission première d'améliorer l’environnement fiscal, juridique, réglementaire et managérial des entreprises afin que le secteur HealthTech soit reconnu comme une industrie de pointe prioritaire. France Biotech a en effet vocation à contribuer à hisser l’industrie française des technologies innovantes de la santé au rang de leader mondial.

Maryvonne Hiance, présidente de France Biotech

« La France dispose d’une incroyable vitalité en innovation dans les sciences de la vie et notre industrie est aujourd’hui à la convergence de nombreuses technologies dont les synergies permettent de donner naissance à une médecine plus efficace, plus préventive et centrée sur le patient », a souligné Maryvonne Hiance, Présidente de France Biotech, lors de la présentation, en décembre dernier, des résultats de l'édition 2018 du Panorama France HealthTech.

365 entreprises françaises (9 438 collaborateurs) ont participé à cette étude réalisée avec le soutien de Bpifrance, d'Euronext et du cabinet EY.

Portrait type de la HeathTech en France

France Biotech considère que la HealthTech regroupe à ce jour sur le territoire français :

  • 1 343 entreprises de dispositifs médicaux et de diagnostic, dont 886 sociétés françaises (le reste étant constitué des filiales d'entreprises étrangères),
  • 720 biotechs, 73 bio-cleantechs, et 200 entreprises en e-santé.

En comparaison avec le premier panorama établi en 2008, près de 200 entreprises supplémentaires ont participé à l'enquête en 2018. La moitié des répondants sont des acteurs des dispositifs médicaux, de l’intelligence artificielle, du diagnostic ou de la santé connectée. « Ce panorama 2018 est clairement à l’image de notre écosystème français de la HealthTech : bouillonnant et multitechnologique… » souligne Maryvonne Hiance.

Les 365 entreprises du panel ont leur siège social en France et réalisent des dépenses de R&D représentant au moins 15 % de leurs charges totales. La plupart sont de petites entreprises (53 % ont un effectif de 1 à 10 salariés) et beaucoup sont encore jeunes (41 % ont moins de 5 ans).

L’Ile-de-France est la région la plus dense avec 34 % des entreprises participantes à cette étude dont 29 sociétés cotées en bourse. Les régions Auvergne Rhône-Alpes, Occitanie et PACA représentent ensemble 33 % des entreprises. La Bretagne et les Pays de la Loire concentrent quant à eux, 15 % de l’échantillon.

Des sociétés atteignant la maturité mais qui peinent à croître

La moyenne des effectifs est de 26 salariés par entreprise. On remarque une faible augmentation des effectifs moyens (de 18 à 26 en 10 ans) mais un passage d’un modèle mono-produit à multiproduits. Comme le souligne Maryvonne Hiance : « Notre filière gagne en maturité : il y a 10 ans, la majorité de nos entreprises étaient mono-produit alors qu’en 2018, le nombre moyen de produits est de 2,8 ».

L'étude montre également que les sociétés du secteur ont tendance à se professionnaliser et à s’internationaliser, avec des partenariats industriels qui se font de plus en plus nombreux :

  • 64 % des entreprises ayant des filiales, les ont ouvertes à l’étranger contre 40 % en 2008,
  • les États-Unis apparaissent comme la destination privilégiée pour s’implanter,
  • les partenariats industriels passent de 25 % en 2013 à 33 % en 2018.

La R&D se poursuit avec succès, dans la pharma notamment

En 2018, 386 candidats-médicaments ont été développés, alors qu’en 2008, ils n’étaient que 178. Cette évolution majeure est sans surprise le fruit d’un fort investissement dans la R&D :

  • en 2017, 9 M€ investis en moyenne par les biotech,
  • 5 M € investis pour les autres répondants.

Maryvonne Hiance s’en félicite : « Ensemble, les biotech de notre panel comptabilisent 386 produits en développement, c’est-à-dire, beaucoup plus que les 233 produits actuellement en développement dans le pipeline des principaux acteurs de l’industrie pharmaceutique française (Sanofi, Ipsen, Servier, Pierre Fabre et le LFB…). »

La richesse des projets développés par les start-up innovantes de la santé représente un relais de croissance essentiel pour les "big pharma" et biopharma en quête d’innovation et de renouvellement de leurs portefeuilles produits.

Utilisation des technologies d’IA et de Big Data

Au sein de l’échantillon, près d’un tiers des sociétés déclarent utiliser ou avoir utilisé des technologies d’Intelligence Artificielle ou de Big Data pour leurs activités, tandis que les deux tiers restants comptent les utiliser à l’avenir.

Pour Maryvonne Hiance c’est un axe de développement primordial : « Il serait dommage que les patients français ne profitent pas des progrès que permettront bientôt dans la santé l’Intelligence Artificielle et le Big Data ».

Des difficultés à lever des fonds ?

L'étude montre qu'après une année 2016 en demi-teinte, l'année 2017 aura marqué une reprise du financement des HealthTech dans le monde. Cette tendance s’explique notamment par l’intérêt soutenu des investisseurs dans les sociétés de technologies médicales, à l’heure où le numérique et la gestion des données patients révolutionnent le secteur. Malgré cela, la moitié des entreprises en recherche de fonds (qui représentent 71 % des répondants) ont déclaré avoir des difficultés pour en lever. Pour 75 % de l'échantillon, le partenariat est le moyen de financement du futur.

Si le panel comprend une minorité d'entreprises cotées en bourse, il apparait qu'en 2018, plus de 60 % du financement des sociétés HealthTech françaises proviennent des marchés financiers (français et américain). Euronext est le 1er marché en Europe pour les sciences de la vie, avec 91 sociétés cotées, dont 68 sociétés françaises, pour une capitalisation boursière de près de 23 milliards d’euros. On compte 9 nouvelles HealthTech cotées sur Euronext depuis 2017. La place de Paris est la plus dynamique avec 8 nouvelles introduction en bourse depuis début 2017. La France est le deuxième pays en Europe à lever le plus de fonds avec plus de 3,6 Mds€ levés sur les 3 dernières années (capital-risque et marchés financiers), derrière le Royaume-Uni (4,7 Mds€) et devant la Suisse (3,4 Mds€).

L'étude confirme un fort soutien du secteur public pour les entreprises de la santé, Bpifrance apparaissant comme un partenaire incontournable, avec 480 M€ alloués à la santé en 2017, dont 187 M€ consacrés aux aides à l’innovation, 101 M€ consacrés à des investissements en fonds propres et 192 M€ investis dans des fonds Innovation.

Autre constat : le CIR (Crédit d'Impôt Recherche) est de plus en plus utilisé. 93% des entreprises du panel en bénéficiaient en 2017 contre 60 % en 2008. France Biotech a également évoqué le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), créé en 2004 à l'initiative de l'association. Destiné à donner un coup de pouce à l'innovation, il propose un allègement des charges sociales et une exonération fiscale sur une durée de 8 ans. Les critères d’éligibilité demeurent cependant restrictifs avec seulement 53 % des entreprises susceptibles d'en bénéficier.


www.france-biotech.fr

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